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Depuis des
siècles, l’humanité rêve de dépasser ses limites, de transformer le
vivant et de prolonger son existance. Les avancées scientifiques du XXe
siècle, et particulièrement la découverte de l’ADN, ont renforcé ces espoirs.
Grâce à elles, il est désormais possible de guérir de nombreuses
maladies, de résoudre des enquêtes criminelles, de découvrir nos
origines familiales ou de protéger des espèces menacées d’extinction.
Mais ce tableau comporte une face plus sombre.
Lorsque l’on est en mesure de toucher à la nature humaine, les
questions éthiques et philosophiques prennent beaucoup d’importance. La
capacité à repérer des gènes délétères sur l’embryon sera sans doute
bientôt accompagnée d’une capacité à les modifier avec précision. Si
l’on réussit à éradiquer de graves maladies génétiques, cela renforcera
la tentation d’utiliser les mêmes techniques pour éliminer de simples
anomalies, puis pour choisir les caractéristiques des enfants à naître,
que ce soit pour leurs aptitudes physiques ou mentales. Lorsque les
techniques seront bien maîtrisées, les barrières actuellement érigées
contre l’eugénisme risquent d’être soumises à d’énormes pressions,
sociales et financières.
Cela soulève des interrogations plus profondes, pas seulement sur ses
conséquences, mais aussi sur l’orientation de la recherche
scientifique, sur le choix des thématiques explorées par les
biologistes ou les physiciens. On imagine bien qu’intervient une part
de curiosité fondamentale, de plaisir intellectuel dans les
investigations et les avancées réalisées. S’y ajoute bien sûr la
légitimité de la découverte de nouvelles formes de thérapies, de
techniques innovantes de lutte contre les parasites, de la création de
microorganismes capables de recycler les matières plastiques. Mais
est-il vraiment utile de greffer une tête morte sur un corps mort ?
A-t-on besoin de faire renaître les mammouths ? Est-il souhaitable de
chercher à créer de nouvelles formes de vie ?
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