Séduire comme une biche

ou comment trouver le bon partenaire

Jean-Baptiste de Panafieu
Jean-François Marmion


éditions Salamandre



Séduire comme une biche
                                              
Extrait


Roman, film ou souvenirs personnels, nous avons tous en mémoire l’histoire d’une belle inconnue aperçue dans la nuit et dont le parfum enivrant permet au héros de retrouver la trace ou celle du gentleman-aventurier dont les traits burinés et le smoking impeccable ne laissent pas l’héroïne indifférente. Même si l’histoire est attrayante, ce qui nous fascine réellement, c’est la séduction elle-même, les délicats rouages de l’attraction entre deux êtres, et nous souhaiterions tous en découvrir les mécanismes, s’ils existent. Mais comme les profondeurs du cœur humain sont insondables, pourquoi ne pas d’abord interroger des modèles plus accessibles, ceux que nous pouvons observer dans la nature ? Malgré toutes leurs différences, les délicates danses aériennes des papillons comme les trilles mélodieuses du rossignol  évoquent aussitôt pour nous le charme des amours printanières et les vertiges de la passion.

Pourquoi séduire ? Pour engendrer des descendants bien sûr, pour la sécurité de la vie en couple parfois, pour un logement agréable, pour le plaisir… Cependant, même si les comportements de séduction des animaux et leurs stratégies amoureuses éveillent en nous l’envie d’y reconnaître nos propres mouvements, il faut éviter de prendre l’espèce humaine comme base de comparaison. Chez les animaux, l’espèce exerce un poids extrême, par l’intermédiaire des comportements innés, bien que les goûts et sentiments des individus puissent jouer un rôle important. Dans notre propre espèce, la volonté individuelle prime souvent sur les besoins de la collectivité.



Nous ne sommes pas plus strictement déterminés par la nature que par la culture : nous sommes influencés par les deux, sans qu’il soit raisonnable d’attribuer tel ou tel comportement à l’une ou à l’autre. Comment diable s’y retrouver ? Les sciences humaines, en particulier la psychologie, s’efforcent vaille que vaille de dégager de grandes tendances. Elles ont en tout cas le mérite de produire des hypothèses, parfois difficilement vérifiables, mais toujours stimulantes.

Quoi qu’il en soit, la nature, plutôt qu’un ennemi à fuir ou un fantôme à liquider, peut s’avérer, comme le notait Montaigne, « un doux guide » à suivre et dont s’inspirer, en bonne harmonie avec nos contemporains et notre culture commune. Nous verrons ainsi au fil de cet ouvrage si l’observation des comportements animaux, d’une profusion étonnante, peut s’avérer utile pour mieux comprendre nos propres critères de séduction. Nous distinguons-nous si radicalement que cela des autres êtres vivants ? Ou ne faisons-nous qu’obéir à des variations sur le même thème ? Certaines espèces peuvent-elles nous inspirer, parfois aussi en montrant le contre-exemple ? Risquons-nous dans ce labyrinthe d’une richesse incroyable de comportements plus divers, inattendus, voire déroutants, les uns que les autres.