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MÉTAMORPHOSES DEYROLLE
Illustrations de Camille Renversade Plume de Carotte, 2016
Métamorphoses réelles, métamorphoses imaginaires : du têtard à la grenouille et de la grenouille au prince charmant...

| La puissance de la métamorphose
Récit
religieux édifiant, fable symbolique ou fantaisie burlesque, la
métamorphose est un phénomène stupéfiant qui parcourt depuis des
millénaires les mythologies, les contes de fée et la zoologie. Le dieu
qui prend forme animale, l’être humain qui devient cygne ou vache, la
chenille qui vit une seconde naissance sous la forme d’un papillon,
tous changent de nature, le plus souvent de façon irréversible (mais
les dieux les plus puissants ne sont pas nécessairement astreints aux
lois naturelles…). Même
lorsqu’elle est imaginaire, la métamorphose suppose un événement
matériel, un changement de nature, qui, alors même qu’il semble
soustraire celui qui la subit aux lois naturelles, l’unit en réalité
encore plus profondément à l’ensemble des êtres vivants. Lorsque l’ours
blanc devient un chasseur inuit, il ne fait que souligner sa proximité
avec les humains : l’ours et l’homme chassent, se nourrissent et se
comportent de la même façon. Ils se ressemblent tant que le passage de
l’un à l’autre appartient à l’ordre des choses. Lorsqu’elle
n’est pas subie par hasard, il arrive qu’elle s’inscrive dans le
déroulement normal du cours de la vie. Ce n’est plus une rupture dans
l’ordre des choses, mais un accomplissement, un passage vers un état
supérieur. C’est ainsi qu’un naturaliste a pu forger sa théorie de la
métamorphose de l’esprit en ange sur le modèle de la chenille se
transformant en papillon. Mais s’il n’est pas évident que l’adulte
humain soit une forme plus accomplie que l’enfant, peut-on vraiment
affirmer que le papillon est supérieur à la chenille ? Lorsqu’elle est envisagée du point de
vue du naturaliste, la métamorphose imaginaire dévoile toutes ses
facettes et nous ancre profondément dans notre nature !
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