![]() | Si
l’on en croit les géographes et les naturalistes de l’Antiquité, le
monde était autrefois peuplé d’hommes à tête de chien, de
femmes-poissons naufrageuses, d’oiseaux immortels et de baleines aussi
vastes que des îles. D’étranges créatures pouvaient à tout instant
sortir des forêts immenses ou des marais impénétrables qui entouraient
les régions habitées. Traversant des déserts infinis, navigant sur des
océans sans fond, les voyageurs s’attendaient chaque jour à des
rencontres inimaginables. Et parfois, c’était juste en sortant de chez
soi que l’on se trouvait confronté à un monstre marin ou à une chimère
sylvestre. Dans un monde mal connu et peu peuplé, tout est possible ou du moins plausible : des animaux inconnus gigantesques, des métamorphoses surprenantes, des êtres composites constitués d’éléments empruntés à diverses espèces, voire à des humains. Les dieux, les nymphes, faunes et satyres, les multiples divinités des forêts et des eaux, engendrent toujours de nouvelles créatures. Les voyageurs reprennent et enrichissent les anciens récits peuplés de pygmées, de licornes et d’aigles géants, qui finissent par devenir de simples évidences. Il arrive qu’un auteur mette en doute l’existence de l’un ou l’autre de ces êtres. Pline ne croit pas aux sirènes et aux pégases, oiseaux à tête de cheval, tout en concédant : « combien de choses paraissent impossibles avant qu’elles se soient produites ! » Ce scepticisme est en général limité et la plupart des bêtes décrites sont considérées comme réelles, d’autant que les légendes se trouvent parfois confirmées : si le rhinocéros existe, alors pourquoi pas le dragon ! |
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